La folie des Potagers sur les toits

La folie des Potagers sur les toits

Les villes ont compris l’importance de se végétaliser. De nombreuses initiatives d’agriculture urbaine fleurissent grâce à des passionnés du bon qui investissent les toits des cités

Le plus grand potager urbain au monde devrait voir le jour cette année sur le toit du hall 6 du Parc des Expositions à Paris. Cette ferme urbaine de 14000m2, soit la taille de deux stades de foot, vendra sa production aux restaurants et habitants voisins. 140 parcelles de potager seront également mis en location pour les particuliers, histoire de partager les joies de cultiver un petit coin de paradis sur les toits de Paris… Dans la capitale, le moindre espace libre tend désormais à se transformer en pré carré à semer.

Photos couverture : potager Hôtel Brach ©Guillaume De Laubier/Yann Audic

 

Des potagers de restaurants

En tête, restaurateurs et hôteliers ont été les premiers à essaimer à Paris. Dernier arrivé, Polichinelle, le nouveau restaurant du pâtissier Christophe Michalak et Steve Burggraf, sur les quais de Seine. Au sommet de l’hôtel Yooma qui l’héberge, le restaurant compte un espace dans un potager partagé de 1500m2 avec vue sur tout Paris où poussent légumes, salades, aromates et légumineuses, le tout sans pesticides. Des matières premières que l’on retrouve dans la cuisine du chef et dans les délicieux cocktails maison. A plus petite échelle, c’est aussi le cas chez Eugène Eugène, une jolie adresse entourée de terrasses où poussent des plantes aromatiques, fraises, framboises, tomates, artichauts, melons et salade… 

potager urbains

Restaurant Eugène Eugène ©Yann Der/Pascal Montary

Face au manque de place, certains optent même pour des potagers verticaux, comme au Relais, où le chef Jeremy Mathieu récolte son propre persil, ciboulette, coriandre, origan, marjolaine, thym, serpolet, livèche, aneth, etc. Au Courtyard by Marriott Paris Gare de Lyon, la jeune chef Melissa Ravel a aussi opté pour ce mode de plantation, dans des jardinières verticales. Doté d’un ascenseur privatif, l’accès au toit lui est spécialement réservé : elle peut faire des allers-retours aussi souvent que besoin pour y cueillir ses herbes aromatiques. L’hôtel Brach a cultivé dès son ouverture, un potager urbain qui s’étale sur tout la largeur de son toit – il y a même un poulailler ! Réservé aux clients de l’hôtel et événements privés, ce toit végétalisé permet d’organiser des barbecues ou ateliers du jardinier au vert, entre herbes aromatiques, fruits et légumes. Non loin de là, au restaurant doublement étoilé du Shangri-La, L’Abeille, le chef Christophe Moret cultive avec précaution son potager plein sud dans le jardin attenant.

© Restaurant Le Relais 

Au restaurant Laïa, caché dans une cour au pied du nouveau complexe de coworking Deskopolitan, le chef, napolitain, produit également herbes, aromates et salades dans son potager réalisé par Topager -un pionnier de l’agriculture urbaine-, sur 200m2, toujours sur le toit, en libre accès pour les membres du coworking. Topager, spécialiste des jardins comestible a aussi signé ceux du Pullman Tour Eiffel, de l’école Ferrandi, de la boutique bio Aroma-zone, du Bon marché, de Yannick Alléno, etc. Le jardin est entretenu au quotidien par Alma Grown in Town. Le romarin, thym, ciboulette, menthe, basilic et citronnelle parfument les menus du jour et cocktails, et les frites sont parsemées de romarin du potager…

potager urbains

© Le potager du restaurant Laïa

 

Des entreprises vertes

Car les entreprises ou associations « planteuses » sont de plus en plus nombreuses.

L’hôtel Grands Boulevards a imaginé, dès son ouverture en 2018, un jardin végétal sur sa terrasse du 1er étage, avec un potager en permaculture de 40M2. Depuis, les cocktails du potager à la carte du bar sont mixés à partir des carottes, laitue blonde de Paris, tomates, épinards, fraises, aubergines rondes, poivrons coriandre vietnamienne, persil japonais, estragon du Mexique, etc. Les cueillettes se retrouvent également à la carte du restaurant dans l’entrée du potager, au menu du jour et au menu 100% végétarien entretenu par ORT Paris (@ort.paris sur Instagram), lancé en 2017. Ces nouveaux agriculteurs urbains prêchent la bonne parole et offrent souvent leurs services aux particuliers, même sur un petit balcon ! C’est aussi le cas d’Au Four Au Moulin, qui organise des ateliers dans les Jardins Renoir au Musée de Montmartre, ainsi que des accompagnements personnalisés sur votre balcon ou jardin, et organise des garden-parties, l’occasion de passer un moment festif avec vos proches autour du jardinage...

potagers urbains

© Hôtel Grands Boulevards 

 

Dans le même esprit, Bien Elevées est une « maison d’agriculture urbaine » qui plante du safran sur les toits. Labellisée par le Collège Culinaire de France, elle n’utilise ni chimie, ni électricité. Peas & Love propose aux particuliers la location de parcelles de potagers en ville (ils gèrent notamment le potager du restaurant Polichinelle), la gestion de la culture par un pro avant de savourer le fruit de ces récoltes… 

Aux quatre coins de la France, les initiatives se développent aussi sur les toits. Jardins partagés, AMAP, associations de quartier, jardins d’entreprises, ils sont de plus en plus nombreux à investir dans la terre en ville. Une activité possible pendant le confinement, où chacun peut cultiver ses quelques centimètres carrés sur sa terrasse ou sa jardinière. Et un vrai retour à la terre durable pour les citadins… Alors plus d’excuses, à vos binettes!

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