L’origine du lait n’est plus obligatoire en France
par Laurent Chery, CEO Bonjour le Bon
Afficher l’origine du lait sur les étiquettes des bouteilles n’est désormais plus obligatoire.
Résultat: La traçabilité et la transparence envers le consommateur prennent un sacré coup d’opacité.
Les faits :
Depuis le 1er janvier 2017, l’indication de l’origine du lait – ainsi que des viandes utilisées comme ingrédient dans des denrées alimentaires préemballées, était obligatoire. Saisie par le numéro un mondial de la transformation laitière, Lactalis, qui défend une obligation contraire à la loi, la justice a tranché et le conseil d’état - après avoir interrogé la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) - a donné raison au géant de l’agro-alimentaire, annulant ce décret gouvernemental et l’obligation d’affichage d’origine du lait. La raison officielle ? Il n’y a pas de lien avéré entre son origine et ses propriétés nutritionnelles.
Cette décision de retirer l’étiquetage obligatoire sur l’origine du lait, est un non-sens vis-à-vis des attentes des consommateurs ! Non seulement, c’est un très mauvais signal qui va à l’encontre de la notion de transparence attendue mais cela génère une nouvelle fois la défiance vis-à-vis des produits alimentaires.
Les éleveurs ont l’impression d’être floués, car ils ont fait énormément d’efforts pour mettre en avant les particularités régionales avec toujours plus de transparence. C’est une décision paradoxale à l’heure où les français ont redécouvert le lait depuis un an, avec une augmentation de sa consommation de 8% en 2020.
Commençons par un retour aux sources :
La genèse de cette crise remonte à 2016. Cette année-là, c’est l’effondrement du prix du lait payé aux éleveurs français. Pour tenter de protéger les producteurs, de relancer la consommation française et réduire la tentation des industriels d’acheter du lait moins cher à l’étranger, une expérimentation a été mise en place pour le lait -et pour la viande-, qui obligeait de mentionner leur origine sur l’emballage. Lactalis, le premier groupe mondial du secteur avec plus de 20 milliards de chiffre d’affaires, a souhaité saisir la cour européenne, pour faire appel de cette décision. Après avoir eu gain de cause, le Conseil d’Etat n’a pu que confirmer la fin du décret. Paradoxalement, Lactalis affirme aujourd’hui vouloir conserver l’indication de l’origine sur le lait vendu en France ! Nous pouvons nous demander quelle caution devons-nous porter à cette déclaration quand nous savons qu’ils sont à l’initiative du retrait du décret ? Et quelle est donc la logique de cette action en justice alors ?
Pour rappel, c’est ce même groupe qui a asservi le grand ouest de la France à une industrie forcée, sans une rémunération digne. Cette décision de justice, hallucinante, ne permettra plus au consommateur de savoir d’où vient le lait qu’il achète. Il pourra venir du Danemark (325€/tonne*), d’Irlande (305 €/tonne*), d’Allemagne (315 €/tonne*), d’Espagne (317€/tonne*), de Nouvelle-Zélande (311€/tonne*) ou de Belgique qui a la meilleure offre mondiale avec 292 € la tonne de lait*.
En France, Danone achète 348€/tonne* aux éleveurs, Lactalis à 343 €/tonne* et Sodiaal à 349 €/tonne*.
C’est une véritable porte ouverte qui va pousser les industriels à acheter du lait à l’extérieur de notre pays, au détriment des éleveurs français.
Et en France, quelle est la situation?
Aujourd’hui, ces éleveurs travaillent 70H par semaine minimum, gagnent une misère… n’est-il pas là une forme d’esclavage des temps moderne ? Le prix du lait actuel ne couvre pas les coûts de production des agriculteurs. Pourquoi ? Parce que nous voulons toujours plus de lait pour moins cher ! Ainsi, c’est la course à la productivité, on robotise la traite, on agrandit les surfaces d’exploitations, on s’endette, on importe des tourteaux de soja de l’autre bout du monde pour nourrir des vaches qui ne mettent même pas un sabot dehors !
Ce système est à l’opposé des méthodes des producteurs sélectionnés par Bonjour Le Bon. Chez nous, chaque producteur transforme son lait et nous savons exactement d’où il vient et où il est produit. Il serait impensable qu’un de nos producteurs utilise un lait qui ne soit pas produit sur sa ferme. Notre différence, c’est le circuit court !
Nous valorisons et soutenons une nouvelle frange de la corporation qui refuse de se soumettre à ce système industriel et prend le contrepied. Les vaches sont au pâturage et les fermes autosuffisantes. Nos éleveurs sélectionnés n’achètent pas d’intrants pour « pousser » les animaux qui viennent de l’autre bout de la planète - comme le soja du Brésil qui participe directement à la déforestation de l’Amazonie.
Conséquence : certes, les vaches font moins de lait chaque jour (25-30 litres contre 40-45 l), mais c’est aussi la raison pour laquelle elles sont en meilleures santé.
L’éleveur profite d’une forte diminution de ses charges lui permettant une nette amélioration de sa rentabilité et de son bilan carbone.
Les seuls perdants sont les industriels qui collectent 20 à 30 % de lait en moins payé au lance-pierre et les traders de céréales OGM.
Il n’y a pas de secret, pour faire du lait de qualité pour fabriquer de BONS fromages, la conduite d’élevage est essentielle mais aussi la typicité d’une région. Celle-ci est surtout marquée par la diversité floristique dont se nourrissent les animaux.
Au sein d’une coopérative où le lait est collecté de plusieurs fermes et mélangé mais aussi payé au même prix…comment valoriser et récompenser l’agriculteur qui redouble d’efforts ? Beaucoup ont décidé de maîtriser toute la chaine de production à la ferme et ce sont ces éleveurs que nous soutenons chez Bonjour Le Bon.
Le bon sens paysan, ni plus, ni moins.
*prix moyen sur les 12 derniers mois
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