Bio oui...mais pas que!

Bio oui...mais pas que!

Rencontre avec notre expert du monde agricole et cofondateur de Bonjour Le Bon, Louis-Marie Mitteault qui nous parle aujourd’hui de durabilité.

Photo : Louis-Marie en visite chez Benoit, notre producteur de patates douces dans les Landes.

 

On est tous d’accord pour dire que le bio, c’est déjà bien. Mais Bonjour Le Bon va plus loin dans sa démarche en misant sur la durabilité… Qu’est-ce que ça veut dire ?

La durabilité, c’est une vision d’ensemble qui va plus loin que le bio. Le bio se limite à un non recours à la chimie et va qualifier les pratiques agroécologiques. Chez Bonjour Le Bon, nous prenons de la hauteur en expliquant que les paramètres socio-territoriaux et les paramètres économiques sont tout aussi importants, d’autant plus après la crise que nous venons de traverser. Nous choisissons aussi des produits qui sont transformés à la ferme. Nous ne dénigrons pas du tout le bio, mais nous pensons que ce n’est pas suffisant aujourd’hui pour préserver l’activité dans nos territoires ruraux. Bonjour Le Bon est dans une démarche d’audit d’agriculture durable. Nous travaillons avec un collectif de scientifiques qui ont élaboré un outil il y a plus de 20ans : IDEA. On audite tous les 2 ans les exploitations afin que ces 3 piliers soient suivis dans une vraie démarche d’amélioration continue. Nous visitons au moins une fois par an l’exploitation après l’avoir sélectionnée.

 

En quoi Bonjour Le Bon se démarque-t-il du bio?

Notre force, c’est une sélection de producteurs qui se concentrent sur la durabilité : ce qui représente les pratiques agricoles – inclus dans le bio – mais pas que !  Il y a deux autres dimensions omises dans les certifications bio : la dimension socio-territoriale, c’est-à-dire l’exploitation dans son territoire, mais aussi le rapport du producteur au bien-être animal et à l’alimentation en général. Par exemple, j’ai fait un stage il y a plusieurs années dans une exploitation industrielle. L’exploitant mettait de côté une vingtaine de poulets pour les élever à sa façon et c’est ceux-là qu’il mangeait… Pas ceux qu’il vendait! Ça interroge, n’est-ce pas? 

La deuxième chose qu’on analyse, c’est la durabilité économique. On va s’interroger sur la robustesse de l’exploitation et sa capacité à être là demain. Il faut qu’on s’assure que les outils sont viables et vivables. Et c’est là que prend tout le sens de la rémunération juste du producteur : c’est lui qui fixe le prix de son produit. C’est ce qui va lui permettre de vivre de son travail et de transmettre son entreprise. L’agriculture, c’est une industrie lourde, avec des investissements lourds et la pérennité des entreprises n’est pas forcément assurée. C’est là que nous cherchons à remettre de la rentabilité dans l’exploitation. A terme, c’est ce qui permettra aux enfants des exploitants d’avoir envie de reprendre l’entreprise de leurs parents, et qu’elle soit viable. Et ainsi pérenniser un modèle économique vertueux et préserver ces savoir-faire. 

 Laurent Reverdy du domaine Reverdy Ducroux 

Laurent Reverdy du domaine Reverdy Ducroux 

 

Concrètement, c’est quoi la durabilité chez Bonjour Le Bon?

Nous voulons mettre en avant ces exploitations agricoles sélectionnées sur 3 piliers performants, déjà engagés dans ces domaines. De notre côté, nous optimisons les logistiques entre les producteurs et le client. Quand un camion se déplace il est à plein plutôt qu’à vide. Nous avons fait le choix du circuit-court: des producteurs qui par leur système d’exploitation font du fromage à partir du lait de l’exploitation, tout comme pour les pâtes. On n’est pas du tout dans des systèmes de circuits longs. Cela signifie aussi l’autonomie pour l’exploitation: quelqu’un qui veut vous nourrir sans maîtriser l’origine de l’alimentation, pour Bonjour Le Bon, ça n’ira pas. Dans notre système, du soja importé en alimentation animale sera beaucoup moins bien noté. Nous favorisons les systèmes autonomes en alimentation et par ce biais-là, nous limitons les impacts carbones. Idem pour notre politique d’emballage: la sélection d’emballage recyclable et compostable, dans du papier kraft, fait partie d’un mode de vie durable. 

Qu’est-ce que ça change pour le client au final?

Il peut tout tracer, tout de suite! Chaque produit que nous envoyons possède son propre flashcode et donne accès à l’identité du producteur, sa situation, et inclut notre analyse de durabilité, de résidus, plus toute info qui peut être intéressante, des photos, les éléments de production, des éléments qui garantissent que ce que vous mangez est sain. Le tout alimenté par les producteurs et Bonjour Le Bon, et le vétérinaire qui fait un compte rendu sur le bien-être animal. Il y a vraiment une transparence totale. Ce sont des produits faits dans les règles de l’art. « Nos » poulets sont élevés au-delà de 100 jours, « nos » vaches vont au pâturage… Notre ambition est de fournir au client des produits bruts de qualité. Un produit transformé à la ferme mais plein d’additif ne pourrait pas passer dans nos grilles… C’est aussi une sécurité pour le client au final.

En quoi l’agriculture fermière est un critère de sélection absolue pour Bonjour Le Bon?

C’est de l’agriculture à taille humaine. C’est la maîtrise de la chaîne, le fait d’aller au bout des choses : Je produis mon lait ET mon fromage, je produis mon blé dur ET mes pâtes, j’ai des vignes ET je fais moi-même la vinification…etc.  C’est un engagement de l’agriculteur jusqu’au produit final. C’est important car si la matière première n’est pas bonne, le produit final ne le sera pas non plus. Avec ce modèle, le producteur peut réagir et corrige aussitôt s’il y a un problème car il a la chance de maîtriser toute la chaîne. Il ne laisse pas son lait à un camion qui part dans une coopérative, on n’est pas du tout dans la même logique. Ici, l’agriculteur est seul responsable face à son travail. Et ils le disent tous, c’est nettement plus intéressant pour eux… 

 Catherine Clément de l'EARL Louet avec ses animaux<

Catherine Clément de l'EARL Louet avec ses animaux

 

Le respect animal est une notion primordiale pour Bonjour Le Bon…

C’est une question éminemment complexe mais essentielle aujourd’hui. Pour Bonjour Le Bon, l’idée est de remettre en avant des éleveurs respectueux de leurs animaux et en contact avec eux. Nous avons démarré une collaboration avec la Commission Bien-Etre animal gérée par le SNGTV (les vétérinaires). Chaque exploitation sera visitée et auditée par cette Commission pour garantir le bien-être animal. 

 

Nous apportons une grande importance aux conditions de transport et d'abattage des animaux. Pour les volailles, nous ne sélectionnons que des exploitations ayant leur propre équipement d'abattage, donc sans transport d'animaux vivants.

Pour les bovins, nous exigeons que ce soit l'éleveur lui-même qui conduise ses animaux au petit abattoir le plus proche et possédant un savoir-faire boucher reconnu.

En parallèle, nous nous impliquons très activement dans le déploiement des équipements d'abattage à la ferme. le sujet est ambitieux et très long à mettre en oeuvre, mais je crois qu'il y a la un véritable levier en termes de respect des animaux et de qualité de la viande.

  

Pour les fermes partenaires de Bonjour Le Bon, quels sont les critères de sélection de durabilité ?

IDEA, notre audit d’analyse et de sélection est un outil complet et complexe. Nous sélectionnons des gens qui ont plus que la moyenne dans chaque pilier et surtout on leur explique les points positifs et ceux qui restent à améliorer. Nos critères de sélection sont: Pour la viande, l'accompagnement des animaux par les éleveurs jusqu'à l'abattage (à la ferme lorsque cela est possible) avec le moins de transport possible, pas d'OGM, ... Nous ne sommes pas contre le recours à la chimie, car quand une bête ou une plante est malade il faut la soigner. En fait, il faut soigner à bon escient et au bon moment avec les bons produits, dans les règles de l’art. L’analyse des résidus, c’est le juge de paix, s’il y a une mauvaise utilisation des produits phytopharmaceutiques, des résidus de ces produits seront détectés. L’idée n’est pas d’interdire, car il y a des circonstances. En fait, c’est tout simplement du bon sens et s‘assurer de la bonne utilisation de ces produits. 

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